Pick-up sticks 3 – Rue Sherbrooke
Pick-up stick 3 – Sherbrooke
Il faut tourner à gauche sur ce chemin
Là on voit l’eau
Coulant entre les rives
Salies des fumées puantes
Sillons dans le ciel
Les lignes du vent sur l’eau
Aucun voilier dans la dernière chaleur de l’automne
Au bout de cette vallée le fleuve
Nous remontons contre le vent
En suivant les lignes de fer
L’échelle du temps
La vision claire d’une mort
Au loin l’aile de satin d’un avion virant dans l’air
Nous sommes assis sur un bloc de béton
Lisant un passage d’une oeuvre écrite sur la brique
L’air chauffe nos corps
Vivants dans les courbes lentes
« Ici l’on pouvait décharger les wagons directement dans l’usine »
Le vent apporte les vapeurs soufrées
Odeurs du passé
Carnivores des poumons enlacés à l’air immolé
Tu te signes comme si tu allais faire une prière
Tu te places sur la voie en regardant droit devant
Signal oublié pour un conducteur absent
Tu traces dans l’air ton nom
Tu es sur la voie de fer
Les lignes des dormants de bois passent dans ton regard
Tu voudrais n’être rien d’autre qu’un cri oublié
Mais le train ne vient pas ne viendra pas les rails ne craquent pas
Le ciel continu d’être lavé à la pierre du temps
Et le fleuve de couler contre le vent
« Nous pouvons continuer
À gauche et à droite, des clôtures trouées »
Ici on déchargeait les wagons frigorifiques
Quartiers de boeuf de l’ouest
Catégorie numéro 1
Dans le fleuve une carcasse d’acier coule vers le sud
Le chemin poursuit le chemin
D’un côté et de l’autre les grilles éventrés des clôtures
La lumière d’automne encore chaude
Fumante d’odeurs sucrées
Tombe sur les lignes de fer un peu rouillées
Qui attendent le poids des trains à 6.30 du matin
Au bout le fleuve
Ses rives retenues par deux autoroutes noires
Mon souffle près de ton souffle
Vois comme la couleur du fleuve tranche sur celle du ciel
Comme l’orangé s’allie au bleu malgré tout
Et ce navire en acier une serrure où voir le temps passer
Autour de nous sale et lumineux
Au bout de la trouée de lumières où luit le fer des rails
Le fleuve coule sans ombres vers l’Océan murmuré
5-11-98