L’inachevé de la joie – 29

Au refus global nous opposons la responsabilité entière
Manifeste du refus global

Studio Cormier, Chemin Sullivan. Bassin, lle du Havre-Aubert, Iles de la Madeleine, Québec
47.221142074439946, -61.930713518054404

L’écriture de la mer ( pas ses vagues)
Mouillées ( plumes)
Eau qui goutte (grillons)
Reflets ( à mes yeux)
Herbes un peu balancées ( la rosée)
Marée ( Vent) 
Bruit de frigidaire (électricité) 
Navire (Navire)
Passagers ( Îles de la  madeleine) 

***

Est-ce que je peux écrire à la mine? Je ne sais pas. La mine est effaçable, l’encre est soluble
Dessiner et écrire à la mine.

La plume a été perdue temporairement. La mine du dessin devant le paysage dessiné. Joie pleine de la mine, la splendeur du ciel comme à chaque instant, le ciel des îles.

Herbes jaunes ou brunes, se balancent, mouillées. Une frange de lumière où l’eau érode le ciel. 

L’aiguisoir emplit sa fonction. Écriture plus lente de la  mine.

Dessiner en même temps qu’écrire?  Dessiner n’est pas écrire, mais écrit le paysage.

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Qu’est-ce que la poésie?
Surcroît d’être ( Reverdy)  et transsubstantiation, activité littéraire spéciale au sujet de la condition mortelle ( Malpoix), ou Tout est poésie ( Tu Fu).

Eau claire, méandres enserrant le village
Longue journée d’été oû tout est poésie
				Tu Fu

Pour Reverdy, le deuxième vers est archi-faux, la poésie est  produite par l’homme  au-dessus du néant du réel. 
Malpoix nous renvoie à l’existentialisme qui serait propre à la poésie. Face à la condition mortelle, celui-ci énonce une versification qui montre les limites ou non de l’homme et de son langage.
Mais il n’y a pas que le poète qui fait face à la mort, à l’aporie du sens.

Le poète ou l’écrivain est celui pour qui investit la langue comme un phantasme ou de ses phantasmes. 

Pour moi : phantasme d’être au plus prés du cri, de l’émergence, de la première parole? Ou phantasme d’une langue si transparente qu’elle serait de la nature? Ou d’une langue qui serait en fin de compte un obstacle a toute communication? Pour moi la poésie demeure dans un indécidable? Face au mystère. 

Est-ce que la littérature accompagne la vie ou la transforme? La poésie est une transformation du monde. D’un univers qui est aussi fait de ses destructions. Comment incorporer dans le poème cette destruction de l'univers de galaxies, d’étoiles, de planètes, de planètes entières de vivants?

Il faut bien le reconnaître, s'il existe de la vie ailleurs, cette vie est régulièrement détruite par des explosions d'étoiles, des déflagrations de galaxies.  Les lieux sont détruits, les trajectoires des planètes affolées, les soleils décapités. Ainsi entre l'inerte et le vivant se joue une partie effrayante qui nous dépasse complètement. Le vivant est le produit de ce que l'on appelle l'inerte, mais les masses d'énergie présentes a tout instant saccagent ce qui l'univers a mis des milliards d'années à construire. 

L'univers est-il informé de cette destruction? Est elle est enregistrée par lui?

D'autre part la notion même de mort, de désarroi face à la mort, est supplantée par une angoisse de la destruction par l'espèce elle-même de ses conditions d'existence. Le changement est important il déplace l'angoisse du je vers un nous toujours difficile à cerner en poésie.

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L'eau salée à la bouche, dans la transparence des eaux de la dune du Nord.
Oû le sable s'amasse, gonfle en monticules depuis des centaines d'années entre les îles de la Madeleine, où les falaises se matérialisent en sable, deviennent plages. Où les plages sont échancrées des violences de l'Océan. La douceur et la force des vagues de l'eau saline chaude. Y nager.

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Le ruban mobile de la dune
La souple ligne de la plage défaite et refaite
Les attaques des vagues et du vent forment la dune et la détruisent
Le lieu flou et mobile de la dune sous mes pieds, son sable sur mes pieds déplacé par le vent, les marées, les grandes tempêtes. Chaque mouvement de l'eau enregistré par les particules de sable.

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Des souvenirs émergent de la dune de l'ouest
Le soleil est là, tremblant sur les îles
Vent doux et souple du matin 
Mauve

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Je ne trouve pas le point d'inflexion des dunes
De l'ouest
Dans ma langue
Du haut des buttes 
Leurs lignes et courbes
Modelées par blessures et joies

Les pieds dans le sable
Sur le bord où l'eau rejoint le sable
Aller très loin
Jusqu'à une méthode de dire l'éphémère
Du vol et du bonheur

Où le sable finit
Où l'océan le forme
Et ne commence pas
La joie est une plume au vent

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Je ne peux plus faire l'éloge de la fuite. Au lieu, ici, ( où j'écris le lieu iles de la Madeleine) demeurer. La demeure, en une ville, où la chaleur, la suffocation. L'affronter ou fuir.  J'ai pensé campagne et lac. Du lac je ne vois pas l'horizon. Désormais notre horizon sera l’Océan. Son gonflement, sa destruction, ses bourrasques, ses violences, sa beauté. 

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Le lieu imprécis du sable, le lieu de vent à la crinière de sable,  le vent, soufflant vers moi, me poussant comme lui, vers ailleurs, animal furtif.

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Je ne discuterai pas de la forme que prend le vent quand je suis sur la plage. Je ne serai ni immobile ni vindicatif. Comme présent au soleil qui me dessèche. Non pas encore carcasse et os. Agissant avec l'eau, les vagues muent le sable avec force. Contre lequel je ne suis rien. De ce rien des mots, la nécessaire chute de la falaise dans l'érosion du souffle. Un soupir.

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La lagune bleue en moi
Au-delà des hautes dunes
Au-dessus d'elles
Istorlets crieurs

L’eau calme des retours
L’émerveillement des ailes
Des herbes penchées à peine d’un vent doux
La montagne au loin 
Contre le bleu foncé des marécages de l’apaisement

Entre le son des vagues et les eaux à peine ridées
Les oiseaux en danse pour les libellules et les mouches
S’élanceront vers la mer pour d'autres proies.
Pendant que je resterai sous le soleil à attendre

***
Les échoueries de plastique 
Fleurs sur nos tombes. 
Que les oiseaux avalent.
Ils garnissent la terre de leurs plumes
Pour notre histoire de déluges et de sécheresses

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Sur la plage, galets.
Échouerie de bois billots
Échancrures de dune pour le regard vers la lagune
Déplacement des roches, des bois flottants, des débris de jour en jour, de semaine en semaine, sur le sable
Plage sinueuse modelée constamment des vagues, orages, tempêtes, automne, été, hiver. 
Courbe de la rive avançant ou reculant,  s'adoucissent ou s’ouvrant
Plage avalée maintenant descendante.
Sable mobile sous les doigts, sans presque de résistance.

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2022-09-23

Iles de la madeleine

Bientôt l'ouragan
De l'ouest et du nord.
(Les hôtes d'un contretemps de vent)
Les hautes dunes contre tant de rafales
Plage repoussée, échancrée 

Les résistants du vent
Cherchant un silence entre les sifflements
La destruction immobile sans âme
Pour taire de cet univers la force aveugle
Frappant comme un destin
(l'aveugle élabore sans nous notre destin) 

Univers contre nous et avec nous à parts égales
De notre mort et des vivants
Plus de vies et plus de destructions
Sur la dune de l’ouest
Les oiseaux se terrent dans la lagune
Attendant notre éveil, la fin de nos angoisses, de nos inquiétudes
Face à la beauté destructrice de l'Océan
(Nous commettons tous les crimes, nous offrons toutes les résistances)

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Si l’univers est perçu par l’humain comme cette force externe inéluctable, qui est extérieure et imposée, il en est ainsi de la mort. La mort apparaît comme le vide. L’univers n’est pas ce pendant extérieur à nous, nous en faisons partie. De cette force, l’humain occidental, en fait un être extérieur, dieu ou nature. Cet être ou essence lui impose la mort. La mort et la destruction aveugle, sans plan, ni prédictibilité est intrinsèque à l’univers et ses mouvements. Au lieu de voir la mort comme une des lois de cet univers, l’humain se dissocie de lui et de la mort,  comme il se dissocie de la nature.

Habiter en soi cette force de l’univers, elle n’est pas une illusion. Notre joie d'être au monde est corollaire au vide que nous  laisserons. Du vide de notre présence, d’autres joies, d’autres destructions, d’autres vides émergeront.

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Où je coule avec la mer
Inlassablement
Devenir ce que je ne suis pas
D’un sable a  l’autre
Chaque jour d’univers
Vers une autre plage
Une autre montagne
Une île façonnée avec le vent
Qui coule dans la mer et revient
Quand je marche aux plages échancrées
Les crêtes de leurs dunes assoiffées de rafales
Quand je me baigne avec les lançons
Tournoyant dans l'irrespirable

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La dévastation de plus en plus cruelle des plages, des falaises, des berges. Prairies inondées, routes sectionnées, terrains grugés. Homme et femme debout et en pleurs. Ouragans qui nous métamorphosent. Nous qui leur avons donné l’eau et la chaleur pour nous détruire.

Gaia n’est pas un mécanisme, mais un tremblement qui change d’amplitude avec nos actions, qui nous répond, nous qui croyons qu’il n’y a pas de réponses ou qu’il n’y aura pas de réponse.

2022-09-17

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