Pick-up sticks 22
Pick-Up Stick 22 – tunnel Rachel
Devant
Derrière
Ce sont les mêmes signes
Qui dépeuplent ta route
Ici on a essayé de tuer un homme
Près des cadavres de marchandises
Un fanion jaune Shell pour dire le vent
Le patron de papier du Journal de Montréal
Se posera en hélicoptère
L’air vide – maculé de tes pas
La neige sur tes mains
Des lièvres et des mulots ont laissé leurs traces
Sous les wagons immobilisés
Et les oiseaux fuient
Ils ont entendu tes pas
Parle
Aux rives du paysage
Et explique
Une étendue libre
Les pigeons dérivent
Entre deux viaducs
Qui tiennent au-dessus d’eux deux rues
Une main de fer te pousse vers le sud-est
Pour oublier ta vie!
Des phalaris éclos penchent
Séchés
Leur boisson dorée
Et leur rire de statues filiformes
Demain te possède
Sans que tu sois présent
Entre deux arches de ciment
Tu entends le battement de l’Océan
Autos volent
Le fer tremble
Au-dessus de l’air
Frais
Morne
Puant
De cette caverne
Immobile sous cette vague
Au sol déposés
Les détritus sourient
Et ne brûlent pas
Une langue de bête marine
A léché les parois de ciment
De couleurs diamantées
Grandes vagues
Pulsent au-dessus de toi
Confirmant ta nage
Entre les parois
S’illustrent
Les chimères du passé
Océan de tristesse
De Mac-Dos
De chips
Et de canette vides
Les bouchons
Rouges
Bleus
Orangés
Argentés
Coulés
Et les lignes mêlées de leur mémoire agitée
Couchés sans lois
Une vague de soufre après l’autre
Au-dessus de la caverne de ciment
En réponse à tes pas
L’air parle de l’eau
Et la joie peut descendre
Précipité de sons
Sur toi
Entêté à entendre
Ce qui sans fin bouleverse
L’Océan si proche
Du fleuve
Bat
Au-dessus de toi clame
Sans repos
Et te dépose en son fond
Un sac de couchage
Coquille défigurée
Se fond au sol
Dans la ville
Si haute
Les vagues de carbone
Font poindre l’Océan
Sous le jour glacé
Tu as déchiré ton linceul
Tu t’es levé
« Aucun vent de tempête »
Sur la terre fourmillant de scories
Tu entends leurs mots
Dans la nuit
D’un été perdu
Poissons lents
Méduses violettes
Anémones déchirées
Doucement enveloppées par leurs mains
Transparentes
Une nage
Sous Sherbrooke
Tu reviendras avec eux
Une autre fois
Entendre leurs cris lumineux
L’Océan s’est déposé
Au coeur de la ville
Dans des yeux et dans des mains
Qui l’ont oublié
15-1-2001