L’inachevé de la joie – 5

Au refus global nous opposons la responsabilité entière
Manifeste du refus global

Séquence 5, Lieu 5
Campo Sans Giacomo del Orio, Santa Croce, Venise, Italie 
45.440229, 12.327827

San Giacomo del Orio

Dans les calle au matin
Doucement les voix 
Des pères et des enfants
		
Rapidement
Vers l’école
En murmures 
La langue italienne

Au soleil déclinant
Femmes se parlent
Enfants jouent au ballon
Sous les arbres du campo

Fraicheur bienvenue
Dans la canicule douce de Venise 

***

À la marée ou au soleil d’après-midi
Sous les arbres ou sur les pavés
Les pas des enfants ou des femmes

Sans lassitude
J'entends ressurgir chaque lieu
En ma mémoire

***

Le temps existe en l’espace
	
Dans cet espace, nos passages, nos actes. Notre temps, celui de notre passage.

Notre passage dans l’espace, sa trace engrammé, c’est  le temps et notre temps.

Ainsi le temps n’est pas perdu.

***

Les hommes et les femmes de Venise ne se perdent. Quand ils marchent ou embarquent dans leurs bateaux, ils savent dans quel calle marcher ou dans quel rio naviguer pour atteindre le Gran Canal, l’Océan, ou les maisons de leurs amis.

***

Murs de pierre 
Lavés de cette eau verte des marais

Si veille
Des corps noyés et des navires disparus
Au delà de la lagune lente
Qui laisse passer le temps dans les veines

Quand sonnent  dans les os des Vénitiens
Les clairons à Maria de Monteverdi
Échos des profondeurs 
Contre leurs vies, nos passages, leurs départs

***

Entre les arbres
Les enfants jouent
Leurs mères parlent

Les suaves mots italiens
Colorent leurs visages
Dans ce campo vénitien

On dit bien dans
Le corps dans l’espace
Cet espace définit par le langage humain
Que le langage construit
Et qui reçoit le langage


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